La semaine dernière, j'ai échappé "en douceur" à ce qui m'est apparu sur le coup comme une "drague" ultra-forcée et avec le recul comme une agression sexuelle qui aurait pu très mal tourner.
Comme je l'ai déjà indiqué, je possède plusieurs tatouages, dont un "back" (dos) assez impressionnant.
Sans les exhiber tout le temps (maintenant, je le fais moins qu'auparavant ), je suis fière d'eux et n'hésite pas à en parler et à les montrer (enfin, suivant les circonstances et ce que je porte) sur demande : jusqu'ici je n'ai jamais eu aucun souci de ce côté-là.
Pourtant je sais que certains hommes fantasment sur les tatouages, j'en ai fait une fois l'expérience : un jour, un parfait inconnu m'a abordée dans la rue pour discuter et me complimenter (ce qui m'arrive de temps en temps - et encore, mon dos n'était pas visible, heureusement me dis-je maintenant-) pour ensuite me demander courtoisement si je voulais "passer un moment" avec lui, ce que j'ai évidemment refusé tout aussi courtoisement. Il m'a saluée et est parti sans problèmes.
Ca m'a quand même fait un sacré choc !
Mais cette fois-ci, tout a dérapé
La personne ?
Un homme de ma ville, assez âgé (petite soixantaine ?) qui exerce une profession libérale et chez lequel je me rend(ai)s régulièrement plusieurs fois par an.
Je le connais depuis une bonne vingtaine d'années et n'ai jamais eu jusque là de problèmes avec lui.
Nos relations sont purement professionnelles, courtoises mais sans plus, nullement amicales.
Le lieu ?
Son lieu de travail, formé de plusieurs pièces.
Les circonstances ?
Son travail effectué, il s'est approché de moi, a admiré le tatouage de mon bras et m'a dit désirer regarder mon dos : il m'a demandé de me mettre à la lumière, dans son couloir.
Là, il a commencé à regarder tout en me posant des questions (douleur, temps etc...) puis l'a touché.
En moyenne les gens ne me touchent pas, ou seulement après m'avoir demandé la permission.
Je portais une robe d'été à fines bretelles et il a commencé à les prendre et à vouloir les baisser : j'ai refusé, les ai cramponnées et suis partie vers la sortie.
Tout celà "en douceur" et avec le sourire, mais très énergiquement.
Là, il m'a saisi le bras en me disant que je pouvais lui montrer, ce que j'ai tout à fait refusé.
Malheureusement, je devais récupérer mes affaires dans son lieu de travail avant de partir : il m'a suivie en me demandant de lui montrer mon tatouage de la jambe.
Là aussi, il voulait "tout " voir, ce que j'ai refusé.
Pour m'en sortir, je lui ai promis que je reviendrai lui montrer plus tard mes tatouages, toutjours avec le sourire (totalement jaune pour ma part, à la limite du rire nerveux).
Conscient certainement de l'incongruité de sa demande, il a dit que je ne reviendrai pas, ce que j'ai réfuté, en lui promettant de revenir "avec un maillot de bain".
Voulant (quand même !) lui régler son dû, il a refusé en arguant "comme ça tu reviendras".
Parce qu'il s'était mis à me tutoyer pour la première fois que je le connaîs.
Là, tous mes signaux d'alarme sont passés du rouge au gyrophare et je ne pensais plus qu'à me dépétre de ce guèpier.
Devant la porte (et la sortie), il m'a dit "on ne va pas se quitter comme ça, on se fait la bise".
J'avais les bras chargés : j'ai vaguement acquiescé et ai largement tourné la tête pour embrasser.. le vide, tout en le contournant pour partir.
Là, il a eu une dernière exigence :
- "On s'embrasse ailleurs ?"
- "Pas question"
- "Sur le nez ?"
- "Pas question"
- " Sur les yeux ?"
- "Pas question"
- "Tu es pressée ?"
- "Mon mari m'attends".
Et je suis arrivée à partir, toute chamboulée quand même et bien contente de m'en être sortie sans trop de bobos.
Il est vrai que je ne me suis pas sentie en réel danger : au pire, il aurait écopé d'un direct au foie (je sais très bien faire) ou d'un coup de boule, mais je ne désirais pas en arriver à de telles extrémités violentes, ou tout au moins en dernier recours.
Quand j'ai raconté celà à mon mari, il m'a demandé si je voulais qu'il s'en occupe, mais j'avais décidé de régler la suite moi-même : j'ai demandé à une amie de m'accompagner quelques jours après, un matin (au fait, il m'avait demandé expressément de repasser l'après-midi - quand sa femme, à la réception, devait être absente-), en choisissant un jour de marché, traditionnellement très fréquenté.
Quand je suis rentrée, elle m'a accueillie (ouf ! et chic ! car je comptais là-dessus).
Etonnée de me voir arriver les mains vides, je lui ai annoncé que, comme promis à son mari, je venais lui montrer mes tatouages qu'il m'avait demandé de lui montrer de façon... insistante (sic).
Elle est partie le chercher et il est arrivé, avec un air, comment dire, stupéfait ? Hénété ? Sonné ? Géné ? Un peu de tout celà à la fois.
En dos-nu et en short, je me suis tournée quelques minutes pour qu'ils regardent (madame était restée, et il lui a d'ailleurs demandé si elle ne voulait pas se faire tatouer elle aussi) : il est resté à bonne distance.
Puis je me suis retournée, et lui ai calmement dit :
" - Je n'ai pas aimé votre comportement de la dernière fois et ne reviendrai plus"
avant de tourner les talons et de partir.
Soulagée et fière d'y être parvenue.
Sans parler des explications qu'il fournira (ou pas) à sa femme.
Mon amie m'a ensuite racontée qu'elle n'avait pas encore vraiment compris quand je suis partie.
Je reconnais que cela est -aussi- ma petite vengeance. Et encore je n'ai pas parlé des "bisous" et du tutoiement à sa femme.
En dehors de cette anecdote, j'ai compris pourquoi les femmes agressées se sentaient fautives : je me le suis senti moi aussi, d'avoir accepté qu'il regarde (juste, regarde !) la partie découverte de mon dos.
En me disant que peut-être, il avait pris cela comme une autorisation d'aller plus loin, ce que ce n'était évidemment pas.
Ceci dit, lorsque j'ai dit "NON", tout aurait du s'arrêter. Immédiatement.
Je l'ai senti, non pas s'exciter, mais devenir fébrile, comme s'il était sur le fil du rasoir, d'où ma tentative de m'esquiver en douceur et ma volonté d'aller jusqu'au bout pour m'expliquer et ne pas laisser le moindre doute dans son esprit.
Ni l'impression que j'avais peur de lui et qu'il avait un ascendant sur moi, car j'ai senti qu'il jouait de son coté "paternel" pour essayer de m' imposer sa volonté.
Cette petite aventure m'a fait réfléchir sur ce genre d'agression, et je me suis d'ailleurs demandée ce qui aurait pu se passer si, à ma place, il s'était attaqué à une femme plus jeune, ou avec moins de caractère ou de vécu.
D'y être retournée m'a en effet permis de le regarder en face et de clore définitivement cet épisode dans mon esprit. Parce que, à vrai dire, j'ai quand même eu rétrospectivement peur, et ai craint qu'il n'aille plus loin dans son délire.
Je ne pense pas que cela serait allé jusqu'au viol, mais il est vrai que je ne désire pas le savoir et queje suis contente de m'en être tirée à moindre coûts, physique et psychologique.
De toutes manières, la prochaine fois qu'il le verra, mon mari lui demandera s'il aime toujours mes tatouages...