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10 mars 2009 2 10 /03 /mars /2009 12:35
Je suis en train de lire La traversée, de Philippe Labro et ce livre me fait remonter de vieux souvenirs.
Ce livre raconte l'expérience vécue par l'auteur en réa alors qu'il était hospitalisé pour une grave infection respiratoire.

J'ai commencé ce livre hier, (re)découvrant son sujet (que j'avais oublié) et  heureuse de pouvoir enfin le lire (je ne l'avais jamais acheté et venais de le recevoir suite à un échange de livres).

Et au fur et à mesure de ma lecture, des souvenirs de réa me sont revenus en mémoire, tellement P Labbro décrivait bien cette expérience, inoubliable pour tous ceux qui y sont passés.

J'ai vécu tout cela...

Les jours et les nuits, scandés par le passage des infirmières, les néons qui s'allument, 
La sensation des autres lits dans la salle,
Le bruit régulier des moniteurs,
Les alertes suivies de pas rapides et empressés, ailleurs, loin....
Les reconnaître  à leur pas, leur voix, leur gentillesse ou leur indifférence, voire leurs mouvements brusques, et savoir ainsi à quel moment de la journée je suis,
La douleur de mes cheveux longs,  pourtant  démêles avec douceur,
Le massage nocturne par une infirmière compatissante ( mal considérée par ses collègues) au cétavlon des escarres de mes mains rétractées, immobilisées dans leur gangue cicatricielle,
Les soins plus ou moins douloureux,
Le changement des pansements : la vision des tendons de ma main qui bougent sous mes yeux
Le débrisan (très cher !) saupoudré dessus "pour faire repousser les tissus"
Le débridage des escarres, torture nécessaire, excision (sans anesthésie) aux ciseaux des tissus morts,
Les gaz du sang, prélèvement au poignet concentré de douleur,
Les autres prélèvements, effectués sur le dos la main parce que les veines du coude ont trop été sollicitées,
Le bruit du soufflet de la machine à respirer, celui de la canule d'aspiration,
La sensation des autres lits dans la salle,
Le bruit régulier des moniteurs,
Les alertes suivies de pas rapides et empressés, ailleurs, loin....
Les tuyaux des perfusions qui se mêlent et tirent sur la main,
Les angoisses dûes à la canule d'intubation qui se bouche, et qui vous étouffe, la peur que personne ne vienne à temps pour vous soulager...
Les regards angoissés de vos proches les plus chers, leurs mots qui vous réchauffent le coeur et vous donnent de la joie pour la journée, et auxquels vous ne pouvez répondre que par un signe de tête,
Les nouvelles du presque bébé resté à la maison (et trimballé chez les amis et la famille),
Sa petite peluche (une éléphant orange) sur ma table de chevet pour me souvenir de mon enfant,
La mémoire qui vous fuit, qui vous fait vivre chaque moment comme une éternité,
La faiblesse, omniprésente,
La dépendance, totale, pour tout,
Ce corps devenu  un objet que chacun s'approprie pour laver, soigner, de manière presque mécanique,
Et qui montrent pourtant du respect pour la personne qui y habite,
L'oubli total de la pudeur inculquée depuis l'enfance,
Le retour au niveau le plus élémental de la vie,
La peur de l'extubation, l'angoisse d'être débracnchée et de ne plus pouvoir respirer
Et pourtant l'attente éperdue du moment où cette grosse canule ne sortira plus de mon nez,
Et où j epourrai communiquer,
La douleur brève et précise,
La pose de la petite canule d'alimentation,
Son glissement huileux le long de ma gorge, provoquant une nausée,
L'odeur des renvois de bouillie biscuitée (tellement semblable à celle de mon enfant) que l'on m'injecte dans l'estomac,
Sa préparation dans une machine qui tourne à coté de moi , mélange de poudre et d'eau,
L'impression bizarre de se sentir remplir, sans goût aucun dans la bouche,
La sensation écoeurante quand, s'en m'en rendre compte, je m'emmêle dans les tuyaux sortande de mon corps et extrait celui qui sert à me nourrir,
La peur qui suit,
Puis la torture de la  réintroduction de la canule - qui s'en va dans les bronches plutôt que dans l'oesophage,
Les hallucinations provoquées par les médicaments ou l'infection méningée, qui vous fait vivre dans un monde parallèle nourri des bribes de conversation perçues dans le coma,
Les paroles dites dans un état second, et dans lequel l'on se croit néanmoins totalement conscient,
Les paroles des innfirmières que l'on ne comprend pas (mais je sais ce que je dis !),
Les shampooings effectués allongés, la tête au-dessus d'une bassine,
La fatigue écrasante qui suit,
La chaleur,
Le froid,
La solitude,
Les insomnies,
Les membres de la famille que l'on ne voudrait plus voir (mais qui s'imposent quand même), car ils apportent avec eux leur égoïsme et leurs problèmes, qu'ils insistent à vous faire partager au lieu de vous réconforter,
L'angoisse qui reste après leur départ et qui vous serre le diaphragme au point de vous empécher de respirer à vous faire suffoquer,
Les mots réconfortants du personnel soignant,
Leur disponibilité, la nuit surtout...


J'ai connu tout cela, et l'avais pourtant remisé au fond de ma mémoire.
Pourtant, il suffit de peu de choses pour que les souvenirs remontent...

Le pire (pourrait-on dire), c'est que je ne garde aucun mauvais souvenir de cette période, ayant eu la chance d'être épargné par la douleur.

Pourtant, on ne sort pas de ce genre d'expérience intact(e) : dans mon inconscient, les priorités se sont hiérachisées ensuite selon leur véritable importance (= celle que j'y accorde). 

En l'occurence, pour moi, le noyau familial, et surtout  le couple que je forme avec mon compagnon (je n'aime pas le terme de mari), mon âme-soeur, ma moitié selon Platon (même si, parfois malheureusement, j'oublie ou plutôt j'obsolète cet état, cette communion entre nous) et par extension les fruits de notre union, nos deux beaux enfants munis de leur libre arbitre et à qui je laisse le privilège de vivre leur vie sans imposer (enfin, plus que de mesure) mon interférence de parent.
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commentaires

F
Je n'ai pas tout à fait le même vécu pourtant, je retrouve bien des énonciations auxquelles je suis arrivée dans ma propre expérience. <br /> Etrange de me retrouver sur ce blog, par hasard...
Répondre
C
<br /> Le hasard n'existe pas...<br /> <br /> <br />
D
Brrr, ça me fait froid dans le dos !
Répondre
C
<br /> Je te souhaite en effet de ne jamais rentrer dans le club fermé des habitants de la réa.<br /> <br /> <br />
S
Heureuse que tout se soit bien terminé, pour toi comme pour lui. <br /> <br /> Tu vois, le livre dont je parlais récemment sur mon blog, est la preuve du bouleversement de fond qui se produit chez ceux qui ont vécu cette étrange expérience, car l'intérêt, la compréhension et la sensibilité qu'il manifeste pour les "gens" qu'il nous raconte dans ce roman, sont tout simplement la traduction d'une grande humanité (amour ?) pour les autres, ces autres qui ont bien failli un jour, être perdus à jamais !!
Répondre
C
<br /> Merci, Sylvaine.<br /> <br /> Et je crois que l'on garde toujours en soi quelque chose de ces moments là... surtout si l'on a fait une NDE, comme lui et moi.<br /> <br /> Entre autres une furieuse envie de vivre quand on en sort, mais qui, malheureusement se dilue avec le temps... sauf quand l'on s'en resouvient. <br /> <br /> Ceci dit, je ne souhaite à personne c genre d'expérience. <br /> <br /> <br />