Le ciel est de plomb et d’étain
Dans une mer d’argent en fusion.
La filigrane des arbres désolés
Me donne froid.
Il va pleuvoir.
Le ciel est de plomb et d’étain
Dans une mer d’argent en fusion.
La filigrane des arbres désolés
Me donne froid.
Il va pleuvoir.
Et voici le haïku que j’ai tiré du poème précédent, écrits tous deux hier après-midi :
Ciel d’étain parsemé d’argent
Un merle court ; où ?
Il va pleuvoir.
Et ses précédentes versions.
Vous pourrez ainsi assister à sa genèse.
Petit rappel : un haïku est un court poème japonais très sobre en 3 vers et17 syllabes, d’où l’importance du nombre de syllabes, noté entre parenthèses.
Il est écrit pour « figer » un moment, et doit laisser transparaître son atmosphère et l'état d'esprit, les émotions du poète.
De ma fenêtre, je vois un ciel gris parsemé de gros nuages plus foncés aux bords très clairs, lumineux.
Sur la pelouse désolée, des oiseaux picorent et un beau merle court le long de la haie.
Mer de plomb et d’étain (6)
Un oiseau passe (5)
Il pleut (2)
Mais il ne pleut pas encore ; peut-être ne pleuvra-t-il même pas du tout.
Cette formulation ne me convient pas et je la remplace par :
Mer de plomb et d’étain (6)
Un oiseau passe (5)
Je suis lasse (4)
Car il est vrai que je ressens une certaine lassitude, une pesanteur diffuse.
Mais toujours pas assez de syllabes.
De plus, le ciel n’est pas lisse, comme une mer, mais présente de gros nuages.
Et je vois toujours ce gros merle dodu qui cherche des vers dans le jardin.
Ciel d’étain et de plomb (6)
Un merle sautille (6)
Il va pleuvoir. (4)
Pas encore assez de syllabes (16 au lieu de 17) !
Etain et plomb me semble trop foncés comme comparaison : ce n’est pas un orage qui se prépare mais une ondée automnale.
Et, revenu de nouveau, je revois le merle qui, cette fois, longe d’un air décidé la haie, comme s’il courait.
Un merle court ; où ? (5)
Il va pleuvoir. (4)
Et voilà mon haïku terminé.
Il présente aussi cette « brisure » caractéristique : les 3 vers sont dissociés (ils peuvent même ne rien avoir en commun).
Seule, leur juxtaposition créera le résultat recherché, émotionnel plus que descriptif.
Mes yeux sont lourds,
De sommeil ils me sembleraient gourds
Si je ne savais
Qu’hier, de trop près le feu regarder
N’était la cause de mes yeux irrités.
Cependant me suis amplement remboursée,
En dégustant l’odeur
De ce bon feu de cheminée.
Les dernières étincelles
De ce beau chêne
Peut-être centenaire,
M’auront réchauffé le corps
De froid et d’humidité engourdi,
Charmé l’odorat par leurs effluves épicées,
Et bordé les yeux de rouge pour les avoir admirées.
Devant moi un ciel bleu azur, tirant vers le gris en bas de l'horizon,
Et strié de quelques nuages qui s'étirent paresseusement.
La qualité de la lumière est plus froide, présage de moindre chaleur
Et de vent d'est, froid.
Un arbre dépouillé de ses feuilles dessine sa dentelle devant ma fenêtre.
Qu'il fait bon au coin du feu.