Je suis positivement effarée de toute la haine ressentie (et déclarée haut et fort par nombre de quidam) à l'égard de notre président de la République.
Mettons les choses au point : je ne suis d'aucun bord politique, sinon celui des honnêtes hommes (je dirais bien femmes, mais le sens diffère sensiblement).
Ayant été patron d'entreprise, chômeur, RMIste et maintenant fonctionnaire, j'ai, je le pense, une vision des choses beaucoup plus ouverte que la majorité des gens qui ont tendance à penser "étroit", étouffés qu'ils sont par la masse des préjugés en vigueur (souvent issus d'une jalousie latente envers les autres corporations, forcément mieux loties que la leur).
Et je peux affirmer que non,
- les patrons ne sont pas (tous) des voleurs, la plupart peine à boucler ses fins de mois et à vivre décemment,
- les RMIstes ne sont pas (tous) des fainéants, beaucoup cherchent à s'en sortir,
- les fonctionnaires ne sont pas (tous) des fainéants, beaucoup font des heures supplémentaires (non reconnues ni payées ni récupérées).
Certes certains, toujours les mêmes et toujours les plus visibles (ou médiatiques/médiatisés ?) rentrent dans ces clichés éculés, mais la majorité de ceux-ci sont comme vous et moi, ils ont seulement un travail différent, dont nous ne connaissons pas toutes les contraintes.
Pour en revenir à nos moutons, ce président, élu démocratiquement, donc à la majorité, déchaîne les haines, et ce mot n'est pas assez fort pour décrire les sentiments ressentis et affichés à son égard.
Qu'y a-t-il vraiment au fond de ce déchaînement d'émotions ?
Mon coach me disait récemment :
Le peuple est comme un troupeau de moutons. Il bêle :
- "béé, béé, ça va mal, faites quelque chose"
et le berger (le président) leur répond :
- "mais qu'est ce qui ne va pas ?"
- "béé, béé, on ne sait pas, à vous de trouver"
- "est-ce que c'est çà : ...... ?"
- "béé, béé, non mais c'est à vous de faire quelque chose"
- "bon, je decide de faire ça : ....., pour tout arranger"
- "béé, béé, ça ne va pas, c'est de votre faute, vous êtes là pour trouver, et nous rendre heureux".
Le peuple ne sait pas exactement ce qu'il veut : il est étouffé par ses peurs (de manquer, de perdre...) mais, globalement, nous n'avons pas à nous plaindre : nous avons un toit, ne sommes pas malheureux.
Certes, je ne parle pas des pauvres, qui le deviennent encore plus, mais simplement d'une généralité.
Il existe en ce moment un sentiment de malaise, de mal-être diffus qui se répand et corrompt tout ce qu'il touche.
Certes, rien n'est parfait, mais nous ne sommes quand même pas en pleine guerre, à la rue, avec des bombes qui tombent autout de nous, des épidémies et rien à manger !
Et il ne faut surtout pas oublier que nous avons les hommes politiques que nous méritons !
Le président actuel rompt avec ses prédécesseurs dans le sens où il fait quelque chose, bouscule l'ordre établi pour en construire un autre.
Est-ce un bien ou un mal ? Seul l'avenir nous le dira, mais ce président se fait le reflet de nos peurs.
Chacun a peur d'être touché par le bouleversement qui s'annonce et tout le monde pense "oui, il faut changer les choses, mais surtout pas chez moi, chez le voisin !"
Il se plaint, mais au moins il sait ce qu'il a, et ne veut rien perdre.
Certes, notre président a eu des initiatives très malheureuses, dont la dernière est l'augmentation annoncée de la taxe audio-visuelle pour compenser la perte des recettes de la publicité.
Franchement, j'aurais préféré garder cette saloperie de pub et ne pas voir cette taxe augmentée.
Mais qu'est-ce, au fond, que 14 € ?
Pour moi qui ne suis pas riche, mais pas pauvre non plus, c'est un gâteau chez le boulanger, ou une tournée au bar, ou une pizza de moins.
Donc quelle est son importance rélle ?
Pour les vrais pauvres, c'est un repas ou deux en moins, et là, c'est grave.
Mais qui, réellement se soucie d'eux (à part les associations caritatives ) ?
Certainement pas nous, qui n'en parlons que pour donner bonne conscience à nos récriminations.
Car c'est notre peur qui nous fait parler ainsi.
Il faut être conscient que si l'on veut que notre société change (ce que l'on voulait, puisqu'on le demandait depuis toujours), il faut faire des réformes, donc enlever quelque part pour donner ailleurs.
Toute ménagère vous le dira : on ne peut accumuler les dépenses sans passer dans le rouge, ce que faisaient démagogiquement nos précédents présidents.
Et pire : c'est ce qu'ils nous ont laissé croire (travailler moins pour gagner plus, par exemple, pour ne citer que la réforme la plus ... incompréhensible, mathématiquement parlant).
Quant à nous, pressés de voir nos rêves se réaliser, nous y avons cru, et accepté de prendre des vessies pour des lanternes.
Malheureusement tout se paie un jour, et il faut bien faire le bilan des choses, pour couper ce qui ne va pas, pour rétablir un équilibre faussé depuis des décennies, et là, le coup fait mal.
Surtout quand il est fait en dépit du bon sens, dans le style "faites ce que je dis, pas ce que je fais" et que les inégalités sont affichées à la vue de tous, voire revendiquées haut et fort par les plus riches (parce qu'ils le valent bien ?).
Nous nageons en pleines ombres, sans commune mesure avec la situation réelle.
De plus, il est vrai que ce sont toujours les mêmes à qui un effort est demandé : les classes les plus pauvres, ce qui a de quoi faire rager, lorsque l'on connaît les dépenses somptuaires de certains élus (ou PDG de grandes sociétés ou... la liste est longue) qui nous exhortent .. à nous serrer la ceinture.
Tout cela pour dire que Sarkosy est ce germe autour duquel se produit la cristallisation d'une solution d'anxiété concentrée à l'extrème.
Car il semblerait que le peuple soit à bout, refuse toute atteinte supplémentaire à ses droits (ou surtout à ses revenus), dejà bien amputés.
Et qu'il est également le bouc émissaire de tout ce qui va mal.
De tout ce qui allait déjà mal, il faut l'avouer et qu'il a certainement accéléré par les mesures (plus ou moins nécessaires) prises par son gouvernement.
Cherchons plutôt en nous ce que nous voulons réellement de l'Etat :
- la paix,
- la santé,
- la sécurité,
- un peu plus que le minimum vital...
et celà, à mon sens, nous avons déjà la chance de le posséder.
Nous en voulons plus et plus encore.
Mais est-ce vraiment nécessaire ?