D'où un grand tollé de toutes parts, en attendant le vote définitif de la loi par le Sénat.
Certes, une petite voix en moi se lève immédiatement pour dire "mais en quel nom peut-on ou pas "forcer" les gens à partir en retraite s'ils veulent continuer à travailler ?.
Ici, le public interfère avec le privé, et chacun devrait être libre de choisir."
Mais dans ce cas, c'est le droit des entreprises qui est mis à mal : elles ne pourront "pousser vers la sortie" un employé trop vieux contre son gré.
Mais les critères d'efficacité pour ne pas dire d'efficience de ces personnels resteront-ils les mêmes à 70 ans ?
Car une entreprise (surtout petite) doit être performante pour survivre.
Je vous vois déjà monter sur vos ergots : non, je ne suis pas politiquement correcte et le revendique, et je ne veux pas parler ici des multinationales qui débauchent leurs ouvriers à tour de bras, simplement de la PME-PMI qui essaie -péniblement- de s'en sortir, et dont personne ne se soucie.
Je reste donc perplexe.
Voyons plutôt les faits.
D'abord, seuls 37% des travailleurs de plus de 55 ans travaillent réellement. Les autres désespèrent le plus souvent de trouver du travail (quand ils ne profitent pas avec plaisir de cette opportunité de pré-retraite) et pointent au chômage.
Donc cette mesure ne toucherait que cette frange de population, déjà bien petite.
De plus, combien de personnes ayant un travail difficile, manuel ou technique, qui les usent seraient désireuses de continuer à travailler après les 60 ans (pour l'instant) fatidiques ?
Certainement pas les ouvriers qui font les trois huit et doivent se lever à des heures décalées, ou ceux qui subissent deux heures de transport journalier.
La pénibilité de ces boulots étant déjà trop dure en fin de carrière, je les vois mal continuer "par plaisir".
Donc, seuls seraient intéressés les seniors non touchés par les maladies ou accidents du travail et l'effectuant dans de bonnes conditions.
Dans cette catégorie, me semblent plutôt ciblées les professions intellectuelles, administratives ou équivalentes : nous travaillons assis(es), au chaud, ne portons pas de charges et utilisons à plein le seul organe qui ne vieillit pas trop mal, j'ai cité le cerveau.
Quel hasard : c'est dans cette population que les salaires "importants" sont les plus courants (banquiers, administrateurs, directeurs, politiciens... ).
Est-ce à dire que cette mesure serait prise pour leur éviter d'être poussés vers la sortie ?
Que je sache, ils n'en ont guère besoin.
Par contre, je vois un effet pervers pointer le bout de son nez : pourquoi augmenter les retraites, alors qu'il suffira de travailler pour cumuler salaire et retraite ?
Aux premiers qui se lèveront sera répondu : "mais vous n'avez qu'à travailler si vous n'ètes pas content".
Qui parlait récemment de travailler plus pour gagner plus ?
A ce train, ce ne sera bientôt plus un choix, mais une obligation de survie, à l'instar des américains qui cumulent 2, voire parfois 3 boulots pour vivre.
A décharge, il faut dire qu'avec l'allongement de la durée de la vie, nous passerons bientôt autant de temps en retaite qu'au travail, d'où un déséquilibre manifeste des comptes de charges sociales qui entraînera -c'est comptable- une baisse des montants de retraite actuels si l'on veut que le système de répartition reste perenne.
De plus, quid du chômage, déjà endémique ?
Bientôt, au lieu d'embaucher un "jeune" à former, les entreprises garderont un "vieux" déjà formé...
Que voulez-vous, c'est le progrès !