J'avais déjà écrit il y a quelques mois dans un article, que je pense complet, cles faits concernant notre régime de retraite et ce que je pensais des réformes (malheureusement) nécessaires.
Force est de constater que cette future loi est devenue le cheval de bataille des syndicalistes de tout poil, et l'emblème du mal-être de notre société.
Pourtant, je pense (et je sais que je vais me faire conspuer par tous) que nous ne sommes quand même pas trop à plaindre, par rapport à tous les autres pays d'Europe et du monde, en termes de départ à la retraite.
Voici d'ailleurs un tableau que j'ai trouvé sur le site toutel'europe :
Pays | Age légal du départ à la retraite | Age moyen de sortie du marché du travail |
67 ans | femmes : 61,4 ans | |
femmes : 60 ans | femmes : 59,4 ans | |
| femmes : 61,9 ans | |
femmes :60 ans | --- | |
65 ans | --- | |
65 ans | femmes : 60,3 ans | |
65 ans | femmes : 62,7 ans | |
femmes :61 ans | 62,1ans | |
65 ans | femmes : 61,3 ans | |
60 ans | femmes : 59,1 ans | |
femmes :60 ans | femmes : 61 ans | |
62 ans | femmes : 58,7 ans | |
65 ans | femmes : 64,7 ans | |
femmes : 60 ans | femmes : 60,7 ans | |
62 ans | 62,7 ans | |
femmes : 60 ans | 59,9 ans | |
65 ans | 59,4 ans | |
femmes : 60 ans | 59,8 ans | |
65 ans | femmes : 62,8 ans | |
femmes : 60 ans | femmes : 57,5 ans | |
65 ans | femmes : 62,3 ans | |
femmes : 60,8 ans (varie en fonction du nombre d'enfant) | femmes : 59 ans | |
femmes : 58 ans | --- | |
femmes : 60 ans | femmes : 62 ans | |
62 ans | femmes : 57,8 ans | |
femmes : 61 ans | 59,8 ans - 2006 | |
âge flexible entre 61 ans et 67 ans | femmes : 63,2 ans |
Force est de constater que nous étions les champions du départ en retraite anticipé.
Reste à savoir ce que représente exactement ce terme d'âge de départ à la retraite : celui du départ effectif légal, ou, plus important, celui moyen auquel la retraite peut être prise sans décote effective ?
Car il est bien beau de pouvoir partir tôt, si c'est à la condition de ne toucher qu'un (infime) pourcentage d'une retraite souvent pas bien grosse.
Certes, je préfèrerais quitter définitivement mon emploi à 60 ans, plutôt qu'à 62, 63 ou 64 voire pire pour pouvoir toucher de quoi vivre correctement, mais il faut (quand même !) être réaliste : nous sne sommes pas une exception économique mondiale, pour pouvoir faire l'inverse des autres pays du monde.
Bon, je suis d'accord que le libéralisme galopant, outre le krach boursier et l'augmentation du chômage est pour une bonne part dans ce besoin de travailler plus - et être payé au moindre coût-.
D'ailleurs je présume qu'il y aurait d'autres dossiers, tout aussi urgents qui permettraient aux caisses de se renflouer : les stages, par exemple.
Pourquoi accepter que des jeunes, souvent très diplômés, galèrent pendant des années de stage en stage, au prétexte qu'il leur faut une expérience avant de pouvoir être embauchés par les entreprises ?
En réalité, celles-ci sous-payent ces jeunes qui, par ailleurs, font le travail d'un employé.
Et c'est beaucoup plus facile d'embaucher à la chaîne des stagiaires rémunérés 400 € que des salariés payés à compétences égales normalement le triple, voire plus !
Le pire est qu'une loi a fixé ces conditions "pour le bien des stagiaires" !
Il aurait été plus simple de durcir le cadre (et la proportion) de ces stages, pour les empêcher de devenir un moyen de recruter de la main-d'oeuvre à faible coût.
Un ami ayant travaillé à l'étranger me disait que le France est le seul pays où les compétences ne sont pas reconnues, ni surtout payées à leur juste valeur.
Il n'y a qu'à regarder le nombre de travailleurs travaillant sous le régime des contrat aidés qui se déclinent à l'envi : souvent diplômés, ils sont payés a minima.
Et les associations qui les embauchent dans ces conditions ont les moyens de se permettre de faire les difficiles et de sélectionner les plus diplômés pour le poste !
C'est en réalité tout cela qui est cristallisé autour des mouvements sociaux de nos jours.
Sans parler des augmentations des taxes (foncières et d'habitation) qui, à la suite de l'abrogation de la taxe professionnelle ont subi des hausses historiques (30% en ce qui nous conerne).
Là aussi, à qui profite la disparition de cette taxe ?
Peu aux plus petits entrepreneurs, qui se débattent entre banque, hausse des cotisations et crise économique.
Beaucoup aux grosses entreprises, qui souvent engrangent déjà des bénéfices conséquents, ce qui ne les empêche pas de délocaliser à l'étranger !
Par contre, c'est à nous de payer pour renflouer les caisses des collectivités territoriales, ce qui est profondément injuste.
Ces cadeaux effectués par l'Etat à leurs "amis" nous coûtent cher, très cher !
Et évidemment, ce sont les plus pauvres qui sont le plus touchés : payer près de 1.000 euros de taxe d'habitation devient courant pour une maison qui n'a rien de luxueux, et c'est souvent le montant d'un salaire.
Il faut également dire que les assertions télévisuelles de la cohorte des ministres sur l'air de "tout va bien Madame la Marquise" ne fait rien pour calmer les esprits, bien au contraire.
Et je pense que c'est surtout celà qui est stigmatisé par les grèves nationales actuelles, la réforme des retraites n'étant que la partie émergée de l'iceberg de mécontentement, de désillusion et de ras-lebol des français.
Sans parler de la légifération galopante : il va bientôt y avoir une loi sur tout et tout le monde, quelquefois en dépit du bon sens (et de la morale).
Pourquoi ce besoin de notre gouvernement de normaliser notre société à outrance ?
Pour se donner une contenance ?
Pour acquérir une légitimité "je légifère, donc je gouverne" ?
Et à côté, il se complaît dans ses propres paradoxes :
En France, les jeunes sont légalement responsables à partir de 13 ans : l'article 122-8 du code pénal dispose que "Les mineurs capables de discernement sont pénalement responsables des crimes, délits ou contraventions dont ils ont été reconnus coupables (...)".
Et parallèlement, l'Etat les considère comme irresponsables quand ils montent au créneau et font la grève, à tel point qu'Il refuse de les reconnaître comme citoyens à part entière !
Ce qui n'empêche pas les forces de l'ordre de les agresser à bout portant à coup de flashball !
Même si personnellement, je ne suis pas d'accord avec l'appel à manifester lancé par certains ténors politiques en direction des jeunes lycéens, il est inadmissible de les assimiler aux voyous qui détruisent tout sur leur passage pendant les mouvements syndicaux.
Et en parlant de ces voyous, des vidéos circulent sur la toile, qui sembleraient confirmer la thèse de casseurs "en mission" dépêchés par le pouvoir en place.
Jolie manipulation qui fait coup double : décrédibiliser les manifestants et abonder dans le sens de l'insécurité chère à notre président...
illustration de Na, trouvée sur Lepost.fr
Et pendant ce temps, tout va bien dans le royaume de France, il n'y a pas pénurie de carburant, même si, en campagne, on croise des voitures arrêtées sur le bord de la route pour cause de panne sèche, et que les pompes ne délivrent plus de gazole.
Avant-hier midi, une auditrice déclarait sur Canal+ que toutes les pompes de sa ville avaient été fermées, réquisitionnées pour le cortège officiel de Nicolas Sarkosy en visite...
Ces comportements risquent de faire monter la tension sociale actuelle :
- l'insécurité -réelle, celle-là- de tous concernant le devenir de leurs emplois,
- la sensation de ne pas être écoutés, voire entendus, par nos élus
- l'impression d'être manipulés par les lobbies qui tirent les ficelles du pouvoir, et dont le seul but est d'augmenter encore et encore leurs bénéfices, alors que la vie devient plus dure pour les français,
- la langue de bois des ministres qui font corps derrière le président ...
la liste est longue, et il suffirait d'une étincelle pour enflammer cette poudrière que devient la France.
Certains politiques en refèrent d'ailleurs maintenant à à Mai 68 et au président de Gaulle, quand ils parlent de chienlit...