Il y a peu de temps, j'ai fini la lecture de
Toxic, que je ne peux que, malheureusement, recommander à tous.
Malheureusement, car ce livre décrit les "dérives" (et ce mot est largement en dessous de la vérité) des industries agro-alimentaires.
Attention : pas toutes, seulement celles dont profit est le credo, style C..a-C...a, M.c D....d et autres majors américaines qui lobbyent le gouvernement de ce pays (et essayent de faire de même en Europe, maintenant).
Ce livre a été écrit suite à la prise de conscience de l'auteur de l'obésité galopante aux Etats-unis, phénomène qui se répand maintenant (avec du retard) dans le monde entier.
Il a donc mené son enquète (très bien documentée) sur tous les fronts pour en arriver à
toutes les causes de ce phénomène de sur-poids.
Et celles-ci sont bien loin des causes montrées du doigt par la vox populi : il ne suffit plus de bouger et de se priver pour maigirir car pleins de facteurs divers sont en jeu, certes moins en Europe que dans le nouveau monde, mais nous y arrivons tout doucement.
Il y a
les facteurs de base, induits par notre évolution, et dont les industries profitent largement :
- le
goût sucré est synonyme de sécurité alimentaire, contrairement à l'amer, par exemple : dans la nature, ce goût correspond à des aliments ne présentant pas de risques, contrairement à l'amer, synonyme de toxicité.
L'homme était tiraillé entre son goût pour la nouveauté et la peur de s'empoisonner, lors de l'évolution de la race humaine ce goût a donc été "programmé" dans notre inconscient.
L'agro-alimentaire ajoute donc du sucre presque partout, pour "adoucir" le goût des aliments (rappellez-vous du sucre mis dans les petits pois par nos mères... maintenant ce sont des dizaines de sucre qui sont présentent dans une canette de soda).
- plus une
portion est grande, plus on mange, alors que l'on en reprendrait pas une deuxième, l'inconscient faisant barrage ("péché" de gloutonnerie).
Les grandes portions faussent la perception des quantités; dans les régimes, ne vous conseille-t'on pas de manger dans des assiettes plus petites : la sensation de satiété arrive plus rapidement (= quand l'assiette est vide).
Pour la petite histoire, cela fut démontré par un gérant de cinéma qui s'aperçut qu'une grosse portion de pop-corn se vendait plus facilement que deux petites... Il finit sa carrière dans Mac Donald où il appliqua les mêmes méthodes pour en faire la multinationale que l'on connaît maintenant.
Savez-vous qu'aux USA les livres de cuisine majorent systématiquement les quantités des recettes (cela est flagrant en comparant les versions europeénnes et américaines d'un même ouvrage) ?
Et que les touristes américains se plaignent systématiquement de la pingrerie des restaurants européens dans lesquels les portions sont réduites ?
- Ajoutez à celà , pour certaines personnes,
un virus (présent chez certains obèses) et
une prédisposition génétique à l'obésité (garante de survie en cas de famine).
Ensuite les
facteurs induits par notre société et la chasse aux profits, et alors là, attention !
-
la télévision, allumée plus de 8 heures par jours chez nos voisins outre atlantique.
Pendant ce temps, évidemment, pas question de se dépenser physiquement : terminés les jeux des enfants dans la cour.
De plus, la télévision est squattée par la publicité qui "dresse" nos enfants : leur idéal alimentaire se crée avant l'âge 2 ans.
En 2006, 89% des pubs qui leur étaient directement destinées concernanient des produits gras et sucrés (enquête Que choisir).
-
la publicité : outre les spots télés, elle sponsorise directement les écoles américaines : les marques de sucreries ont sorti leurs
livres de maths dans lesquels les enfants comptent... des bonbons M &M's !
Les chaînes ne s'y trompent pas, quand le directeur de TF1, en 2004 écrivait dans son livre :
Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective "Business", soyons réalistes : à la base, le métier de TF1, c'est d'aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit. ... Or, pour qu'un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible, c'est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible.
Même si, par la suite, il est
officiellement revenu sur ses propos.
Cependant, des recherches sont actuellement menées dans des universités (sponsorisées par qui, à votre avis ?) pour trouver "l'élément déclencheur d'achat" : le neuro-marketing, élément ultime du
packaging.
- donc,
vendre des portions plus grosses : à quantité égale, il y a moins de main-d'oeuvre et de frais d'emballage que dans 2 portions "normales". On en arrive aux portions individuelles XXL ... qui commencent à arriver en France.
- fournir ce qui correspond aux goûts programmés (
le sucré et le gras), d'où la débauche de fritures et de sucreries présentes à la vente.
Il y a 30 ans, combien de ces aliments étaient consommés quotidiennement ?
-
la révolution industrielle et sociale : les femmes (et les hommes, d'ailleurs) travaillent de plus en plus et ont (ou prennent) moins le temps de faire à manger. D'où
l'achat de plats préparés.
Savez-vous qu'aux USA, plus d'un tiers des femmes ne savent pas cuisiner plus de deux plats ?
-
la mutation de l'agriculture américaine, initiée dans les années 1970, passant d'une foule de petits producteurs à 4 grands groupes faisant de l'agriculture de rendement grâce à l'ajout massif d'engrais, de pesticides, fongicides, herbicides et autres produits.
Le paradoxe fut que ces changements créèrent un surproduction de maïs.
Pour l'écouler, les chercheurs inventèrent
le sirop de glucose-fructose (HFCS), beaucoup moins cher que le sucre et permettant donc de sucrer à moindre coût tous les aliments désirés, donc de mieux les vendre...
Bonus : ce sirop ne génère pas de sentiment de satiété (et d'écoeurement), contrairement au glucose : plus de barrière à l'absorption de produits sucrés !
- Plus tard, ils firent de même avec l'hydrogénation des matières grasses pour créer ces fameux
acides gras trans, miracles pour les industries : moins chères, elles résistent aux hautes températures et évitent le rancissement des aliments dans lesquels elles sont présentes.
Par contre, lors des essais, il fut avéré qu'à quantité égale, tous les cobayes ayant ingéré ces matières grasses grossissaient.
Le pire reste pour la fin :
-
l'élevage intensif des animaux, dans des conditions d'hygiène déplorables (
lagons à ciel ouvert de milliers de litres d'excréments et de carcasses), obligeant les producteurs à les gaver d'hormones, d'antibiotiques, vitamines et autres suppléments alimentaires.
Dont le moindre n'est pas de la poudre de protéines provenant de l'incinération de carcasses plus ou moins fraîches (dont celles des animaux de compagnie euthanasiés, brulés avec leurs colliers insecticides).
- A
leur abattage, rapide (et donc moins hygiénique), des contaminations se produisent, parfois mortelles.
Il ya quelques jours, au JT, un employé de
SOVIBA témoignait que les conditions d'hygiène (surtout, visionnez la vidéo), qui devaient être améliorées suite à
la contamination de lots de viande, dont certains destinés à des chaînes de fast-food, n'avaient pas changé et restaient toujours aussi précaires.
Quant à leur conditionnement, les aliments frais sont maintenant irradiées, gazées, voire même colorés pour "durer" plus longtemps.
- L'irradiation dénature les aliments, détruit leurs vitamines et crée de nouvelles substances suspectées d'être cancérigènes et toxiques (cyclobutanones, connues dès les années 50-60 pour leurs effets d'altération chromosomique).
De plus, elle détruit les bactéries, mais non leurs toxines, qui restent présentent dans la belle viande rouge visible en supermarchés.
Pire, elle épargne certains insectes et bactéries (sans parler des prions), favorisant ainsi l'apparition de nouvelles souches plus résistantes.
- Le conditionnement des viandes préemballées est également une invention diabolique.
Ce mélange de monoxyde de carbone, dioxyde de carbone et azote insufflé à l'emballage a 2 qualités essentielles pour l'industriel :
- il allonge l'espérance de vente de la viande (2 semaines au lieu de 5 jours)
- et surtout il fixe par réaction chimique sa couleur rouge et préserve ainsi son apparence, quel que soit son état réel et même si elle est devenue impropre à la consommation.
Auparavant, notre instinct nous prévenait face à une viande brune (ou verte) : grâce à la magie moderne, il est trompé et nous ingérons en toute quiétude une viande avariée.
L' argumentaire d'un vendeur de gaz précise clairement qu'il bloque la couleur, l'odeur... et la perception sensorielle du produit.
Il est facile, ensuite, de condamner les utilisateurs "qui ne font pas cuire correctement" leur viande !
Sans parler de stigmatiser "les gros" !
Ainsi donc, notre société est en marche vers une catastrophe dont les effets commencent juste à se faire sentir : enfants souffrant d'affections cardio-vasculaires, de diabète "des vieux" (renommé de type 2 maintenant) et dont l'espérance de vie est en chute libre.
Et ceux qui parlent de santé publique sont vite vilipendés; leurs propos sont édulcorés et leurs mises en garde non suivies d'effet.
Aux Etats-unis, les industries agro-aliementaires sont les plus gros bailleurs de fonds des campagnes présidentielles...
Qu'en est-il réellement en France ?
Tous connaissent les risques encourus, mais la voix des profits est la plus forte, comme d'habitude.
A moins que nous tous, consommateurs de base, ne relayions cette information pour que nul ne puisse dire à l'avenir "je ne savais pas" en regardant son enfant mourir.