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13 janvier 2008 7 13 /01 /janvier /2008 21:41
Le vieillissement des parents et leur prise en charge par leurs enfants est un sujet tabou dans notre société.
Autrefois, le générations vivaient ensemble, non sans heurts, mais la donne a changé au fil du temps avec les nouvelles contraintes liées au travail, de plus en plus loin du domicile.

Néanmoins, il est normal que les familles s'entr'aident, que les plus jeunes, à leur tour, s'occupent de leurs ainés.
Malheureusement, ce sont, pour la plupart, les filles qui doivent prendre en charge ce travail supplémentaire.

Las, avec l'augmentation de l'espérance de vie, les troubles séniles augmentent également en proportion, et il n'est pas toujours facile de s'occuper, surtout quand la personne âgée n'est pas un parangon d'amabilité et de gentillesse.

Je connais très bien le probléme, malheureusement, devant m'occuper de mon père étant fille unique.
Et ce fut, et c'est toujours, quoique beaucoup moins maintenant, éprouvant.

Voici un exemple de ce que peut donner le vieillissement de son père, les contraintes qui nous osnt imposées, les choix à faire.

Car tout n'est pas rose, avec un ancien qui se sent diminué, déboussolé et des enfants qui se sentent envahis dans leur quotidien.

Alors, quand, en plus, la dépendance physique s'en mêle, cela devient un casse-tête à gérer, heureusement relayé par les différentes structures spécialisées.
Malheureusement celles-ci ont un prix très élevé, et la qualité de lvie varie souvent, le personnel étant souvent en sous-effectif.

Voici mon histoire :

Agé de 87 ans, mon père est actuellement en EHPAD (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), appellation politiquement correcte pour maison de retraite, voire mouroir, dans certains cas.


Je peux vous choquer en employant ce terme, mais j'ai vécu cela avec ma mère, hospitalisée il y 6 ans pour un trouble neurologique qui s'est révélé être un cancer du cerveau . 

Elle avait été hospitalisée en urgence, puis nous avions été sommés de la reprendre "parce qu'il n'y avait pas de place à l'hôpital".
Après la perte de notre commerce et une période de chômage, je venais, ainsi que mon mari de tout juste retrouver du travail (payés tous deux un peu plus du smic), à une heure de voiture de mon domicile.
Donc inutile de vous dire que lorsque m'a été suggéré "fermement" de prendre ma mère (grabataire et qui alternait coma et semi-conscience) chez moi et de m'en occuper, il n'en a pas été question.

L'hôpital lui a trouvé après plusieurs séjours hospitaliers une place en EHPAD : un vrai mouroir, dans lequel elle est resté plusieurs mois, agonisante, avant son décès ; je l'ai accompagnée jusqu'au bout, dans la mesure de mes moyens.

Chaque fois que j'y allais, je voyais ces "vieux" assis les uns à côté des autres sur des chaises, l'oeil éteint, abattus, attendant la fin du jour, et de leurs jours.

Et je ne vous parle pas des odeurs de pisse et de merde qui vous prenaient à la gorge dès les premiers pas dans cet hopital et vous donnaient la nausée.



Et en même temps que la maladie de ma mère, je devais m'occuper parallèlement de mon père, aigri et  très autoritaire, qui s'invitait chez nous et se comportait sans aucune gêne, réveillant mon mari qui  travaillait de nuit.

Après le décès de ma mère, il a voulu faire pression sur moi pour le prendre chez  nous : chantage, pleurs, menace de suicide, de déshéritement... et je vous passe les détails les plus sordies.
Nous ne pouvions le laisser seul dans une maison avec escaliers, et de toutes manière, la vie aurait été impossible avec lui.

C'était mon père ou mon foyer. J'ai du choisir, la mort dans l'âme, mais j'ai choisi : le foyer que je m'étais construit avec l'homme que j'aime et nos enfants, plutôt que de devenir l'esclave d'un homme égoiste, fût-il mon père.
Parce que notre foyer aurait volé en éclats.
On est loin de la vision idyllique du foyer muti générationnel idéalisé, très éloignée de la réalité.


A la suite de toutes ces pressions et tensions, j'ai fait une dépression, et je me souviendrai toujours de ce que m'avais dit mon médecin : "Madame, votre père a fait sa vie, et l'a choisie. A vous de faire la vôtre. Ne culpabilisez pas à cause de lui; il le sait et en joue. Pensez à votre mari et à votre famille, pensez à vous".


Car évidemment, en digne fille unique élevée dans la tradition judéo-chrétienne, j'étais bourrelée de remords à l'idée de ne pas vouloir/pouvoir (mais vouloir n'est ce pas pouvoir ?)  m'occuper mon père, homme autoritaire et dictateur s'il en fût, qui entendait jadis choisir mon mari (qu'il m'a suffisamment reproché) et mon travail, bref  vivre ma vie à ma place.

Nous lui avons trouvé un foyer-logement.
Malheureusement, quelques mois après, à la suite de l'agravation de son état de santé (plusieurs comas diabétiques et accidents vasculaires cérébraux), il a fallu l'en retirer : il avait failli mettre le feu en oubliant une casserole sur une plaque électrique.

Il est actuellement dans un EHPAD de luxe, dans lequel sorties et activités sont proposées.
Les repas sont pris en commun au restaurant, et le personnel, très nombreux est aux petits soins des résidents.

Malheureusement, son caractère était resté le même , et j'étais le plus souvent accueillie par des reproches, voire des accusations ("ta mère est morte à cause de toi"...).

En plus, je devais sans cesse surveiller, voire contrer ses décisions (un exemple : il avait acheté une voiture puissante (HDI) alors qu'il était devenu incapable de conduire et refusait de l'admettre : je ne voulais pas avoir des morts sur la conscience et ai du alerter gendarmerie et préfecture, avant de l'emmener à la commission des permis de conduire pour examen -évidemment négatif).

Il refusait de regarder en face sa déchéance physique et m'en rendait responsable.

Combien de fois suis-je repartie au bout de quelques minutes pour ne pas subir le flot de ses récriminations et accusations, sans même un  "bonjour", en lui déclarant calmement que je demandais, sinon de l'amour, du moins un minimum de restect. ?
Sans parler du dialogue, qui était impossible : il ordonnait, voulait, et rageait de ne pouvoir être obéi.

Parlez-en à ma voisine, plus jeune que lui de quelques années : environ un mois après le décès de ma mère, alors qu'il était encore chez lui,  il lui avait proposé de se  mettre en ménage avec lui (enfin, lui venant s'installer chez elle, et prenant en charge ses dépenses).
Choquée, elle avait refusé et  mon père s'en était plaint à moi, la traitant de vieille bique.

Epuisée nerveusement, je revenais avec le moral dans les chaussettes.
Et cela était d'autant plus dur que, de rares fois, j'étais accueillie "normalement", gentiment.
Et dès que je rebaissais ma garde, la douche glacée m'était de nouveau administrée.
De plusieurs visites hebdomadaires, je suis passée à une seule, fatiguée, usée nerveusement par ce traitement.
Et encore, je n'avais qu'une envie : couper définitivement les ponts et le laisser là, seul avec son sale caractère et sa méchanceté.
Mais, empathique, compatissante, je lui trouvais des excuses : sa solitude, son déracinement...

Et son état a encore empiré.

En effet, à ce jour, il est malheureusement presque impotent (marche sénile avec déambulateur), incontinent, sourd (et refusant de mettre ses appareils), aphasique par moments et incapable d'écrire. 
De plus, il ne peut pratiquement plus lire.

A ce tableau peu réjouissant, il faut ajouter sa sénilté :  "retour en enfance", mélange de perte de mémoire, de confusion des lieux, temps et visages.

Les seuls échanges que nous avons se limitent à ses paroles sur sa santé et ses repas (il souffre en outre d'agueusie, donc tout est mauvais à son avis) et des nouvelles de mon mari et enfants, quand il me reconnaît, et que je dois lui hurler dans les oreilles.


Je vais le voir toutes les semaines, et là-bas... j'attend.
Nous n'avons presque plus aucun dialogue, sinon celui des gestes (une caresse, une bise) et des expressions.
Quand il ne m'ignore pas simplement, plongé dans la télé ou ses pensées.
Et le voir ainsi me brise le coeur à chaque fois.

Viellir ainsi est obscène.
Pour la personne concernée et son entourage.
D'où, peut-être, ce lacher-prise sur la réalité, la déchéance, et le "retour en enfance" miséricordieux pour lui, comme pour moi.


Ici l'idéal du papy-gateau se brise en se confrontant  à la dure réalité de  la vieilesse.
Mais cette réalité-là existe, et est souvent occultée.
Toutes les personnes agées ne sont pas gentilles et aimantes, loin de là !

De toutes façons, la vieillesse ne change pas leur caractère : mes parents nous ont harcelé pendant toute notre vie de couple, ayant toujours fait de (nous) moi, le centre de leur vie, et ne comprenant pas que nous ne fassions de même à leur égard.
Nous les avons chassé de notre maison : ils revenaient dans notre commerce.
A cause d'eux, nous avons déménagé plusieurs fois, loin, et seule la menace d'un troisième déménagement à l'étranger a pu les calmer (ils déménageaient eux aussi pour se rapprocher de nous et tenter de reprendre une influence sur notre vie).
Ils ont essayé de nous brouiller avec la famille de mon mari, nos employés, nos voisins et nos amis.

Mes propos peuvent vous sembler exagérés, mais ils ne reflètent qu'une infime partie de ce que nous avons vécu à cause d'eux.
Et de ce que nous avons souffert.
Et malgré tout, j'aime mon père, et je souffre encore de le voir ainsi, seul.

Pendant l'hospitalisation de ma mère, j'ai lu pratiquement tous les ouvrages de Marie de Hennezel, pour m'aider à l'accompagner.
Et je me souviens de l'un de ses conseils : "ne laissez jamais rien d'inachevé, que vous puissiez regretter de n'avoir pas dit à celui qui va partir".
Et ce que j'avais sur le coeur, je l'ai dit à ma mère pendant son semi-coma, sans aucune animosité.
Juste le regret du mal qu'ils nous avaient fait, alors que nous aurions pu être une famille heureuse, unie, "normale".
Je ne sais si elle m'a entendue, mais je le lui ai dit et me suis vidée de toute cette rancoeur, de cette haine qui parfois m'habitait.

A mon père, je n'ai plus rien à dire.
Je ne ressens plus rien.
Juste de la peine, de l'amour et  - mais mon entourage me le reproche et  m'empêche d'y penser - de la culpabilité.
De quoi ? Surtout d'être en vie alors que mon géniteur termine la sienne, et de refuser de me sacrifier sur l'autel des convenances, d'être ce que la société attend de moi : la fille dévouée, corvéable à merci (ce que j'aurais fait avec plaisir si je n'avais pas été confrontée à cette muraille d'égoisme, de certitudes et de préjugés que mes parents dressaient devant eux).

Je ne vais pas le voir souvent, juste une fois par semaine.
Je ne peux pas : c'est trop dur.

Alors, si vous vous retriouvez dans le même cas, essayez, je dis bien "essayez", puisque je n'y arrive pas moi-même, de ne pas culpabiliser.

Dites-vous que vous faites votre possible, au mieux.

Mais que vous n'êtes pas un surhomme ou une surfemme.
Préservez  vous, pensez à votre compagnon et à vos enfants avant tout, sans pour autant négliger le vieillard.

Eux aussi ont besoin de vous.

Et si vous les chassez de votre vie, "par devoir", vous resterez seul(e), après...





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commentaires

C
<br /> Il est décédé en 2011, après que j'aie fait "ma" paix avec "lui" et ce qu'il véhiculait pour moi.<br /> <br /> <br /> Maintenant je suis en paix avec lui et sa mémoire.<br /> <br /> <br /> Enfin.<br /> <br /> <br /> J'espère de tout coeur qu'il en est de même pour lui.<br /> <br /> <br /> Papa, je t'aime.<br /> <br /> <br /> Adieu.<br />
Répondre
C
<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
M
Ne t'inquiète pas, je ne projetterai plus jamais rien sur toi, dont je pourrais à mon tour dire que tu m'envies pour ne pas vivre ce que tu vis.<br /> Rien ne dit que ça ne sera jamais le cas, sinon envers ma mère, peut-être ma belle-mère dont je suis proche, alors là tu pourras me dire "tu vois comme c'est difficile ?"
Répondre
C
Ouh, quelle phrase alambiquée !Non, je ne t'envies pas de ne pas avoir vécu ce que j'ai vécu.Tel n'est pas mon propos.Je voulais simplement dire que ton père et son vécu n'ont rien à voir avec le mien, et qu'il est impossible de comparer leurs rapports avec nous, leurs filles, ainsi que nios réactions envers nos parents.Tu vois, il est tellement facile d'agresser l'autre lorsque l'on n'a pas toutes les données, et que l'on se contente d'apprécier, de juger sur les apparences.Et tu m'as blessée au plus profond en ramenant tout à simplement une histoire d'argent, de cadeaux,  comme si  je n'étais qu'une profiteuse.Par ailleurs, je ne pense pas être une donneuse de leçons qui juge, tranche et se complaît à faire la morale aux autres.Tu le sais bien , de même que tu sais que je ne te dirai jamais  "tu vois comme c'est difficile", comme tu le dis.Ce n'est pas dans mon caractère.J'ai trop souffert, et soufre encore de cette situation.Et ne la souhaite à  personne. Du fond du coeur.
S
Triste en effet ... mais en même temps, tellement humain. Je comprends parfaitement ce que tu dis jusqu'à l'affrontement de tes différents sentiments, parfois un peu contradictoires, même si je n'ai pas eu à vivre la même expérience (la fin de vie de mes parents a été brutale pour l'un et pour l'autre. Pour mon père, ce fut même carrément théâtral, digne de la vie qui fut la sienne, ce qui nous permet de sourire lorsque nous l'évoquons ...). <br /> <br /> Mais j'ai été confrontée à la vision d'une vieille maman, chez le parrain de mon mari, qui était gardée à domicile dans la famille de son fils, entourée d'un maximum d'amour et de soins ... Ni soupir, ni lamentation d'aucune sorte de la part de cet homme-modèle, tout était fait dans le respect de cette très vieille dame. Mais fut-ce dans celui de son fils? Ça c'est une autre histoire.<br /> <br /> Je ne trouvais pour ma part, rien de "romanesque" à cette cohabitation, qui rend la vie de tous les jours si humiliante pour le vieillard concerné et si lésante pour le reste de la famille.<br /> <br /> Je t'approuve de choisir de préserver ta propre famille, même si je me réjouis de ne pas avoir personnellement, été confrontée à ces choix. <br /> <br /> Et que te dire de plus que : courage ? Oui vraiment : courage !!!
Répondre
C
Merci, et mes sentiments sont totalement contradictoires : je suis simplement déchirée entre "ce que je devrais faire, être" et "ce que je vis".Je n'ai plus le courage, c'est tout.J'ai d'ailleurs remanié mon article, rajoutant quelques explications complémentaires.Evidemment, vu de l'extérieur, une enfant s'ocupant de ses parents vieillisants est quelque chose de beau, qui devrait être, comme le dit domamido "naturel".A condition que les parents trouvent "naturel" également de respecter son enfant, de ne pas le considérer comme sa chose, mais comme un être humain à part entière, doué de libre arbitre.Toutes nos relations avec mes parents  étaient faussées dès le début, il est normal que la fin le soit aussi.